Le cinéma, ma vie, leur oeuvre


Décembre 1972. Dans la grande salle du Cinéma du Parc, on tente gentiment de m’amadouer : je ne voudrais pas sortir de sous le siège et retourner m’asseoir ? Pas question. Sur l’écran, la marâtre de Blanche-Neige grimace et agite des mains crochues. Qui me dit qu’elle ne va pas sortir de l’écran et se diriger droit vers moi ? Ma première sortie au cinéma, donc, a consisté à passer une heure et demi, les yeux fermés, prostrée à même le sol. Janvier 1981 : dans la salle B du lycée, je suis pétrifiée par une femme qui sur l’écran se taillade l’entrejambe avec un bout de verre. Cris et chuchotements, de Bergman. Mes camarades ricanent, je suis sous le choc. Heureusement, il y aura aussi Arsenic et vielles dentelles, Noblesse oblige, Michel Audiard et Woody Allen. Puis les rêves filmés de Fellini, l’intelligence de James Gray, et tant d’autres belles choses qui donnent sens à la vie.